Comme je m'y attendais avant même la projection, Lincoln n'est pas un film qui marquera les esprits pour sa qualité en tant que tel mais pour la prestation de son acteur principal. D'ailleurs ce rôle a valu l'Oscar du meilleur à Daniel Day Lewis. Cette distinction vient s'ajouter à celui qu'il a reçu pour son rôle dans There Will Be Blood ou tous les autres prix pour son interprétation dans Gang of New York. Je ne remets pas ici en question sa prestation qui est, il est vrai, excellente même si j'ai été plus impressionné par celles des deux films précédemment cités. Tommy Lee Jones est fidèle à lui même, malgré cette perruque très déconcertante. Son personnage est au final avant-gardiste, vue qu'il partage sa vie avec une femme de couleur. Personnellement, j'ai plus apprécié le jeu d'actrice de Sally Field, très émouvante. Plaisir de retrouver le vétéran Hal Holbrook que j'adore depuis Water for Elephants, ou encore Jackie Earle Haley aka le génial Rorschach dans Watchmen .
Mais sinon, c'est surtout l'excellent trio formé par James Spader, John Hawkes et Tim Blake Nelson qui est pour moi la véritable lumière de ce film. Usant de tous les stratagèmes pour "acheter" certains démocrates à leur cause.
Présence également au casting de David Strathairn, Lee Pace (héros de la trop vite arrêté série Pushing Daisies), Jared Harris (David Robert Jones dans la série FRINGE), Bruce McGill ou encore Joseph Cross. Par contre, je regrette la petitesse du personnage de Joseph Gordon-Levitt qui a un talent qui mériteait bien plus de temps d'image.
Mais ici, je veux parler du film en tant que tel. Il est très académique, tout comme le précédent film de Spielberg War Horse. Et je ne parle même pas de la musique orchestrale de John Williams des plus pompeuses qui vous indique où pleurer. C'est très oppressant. Cela vient s'ajouter au sujet du film déjà très lourd de par le jargon politique accru, les décors très sombres à l'image du contexte de l'époque. Quand on ne maîtrise pas le mode de fonctionnement politique des USA cela peut être difficile de comprendre les différents tenants et aboutissants de telle ou telle action entreprise par les protagonistes. En effet, tout le film est centré sur le combat mené par le 16e président des États-Unis pour faire passer le XIIIe amendement de la Constitution, qui mit fin à l'esclavage dans tout le pays, avant la fin de la guerre de Sécession. On assiste à un moment d'histoire. Nous connaissons la finalité et c'est peut être ça le problème. Plus aucun suspense. Dommage que les scénaristes Tony Kushner, John Logan et Paul Webb (d'après le livre Team of Rivals de Doris Kearns Goodwin) n'est pas tenté de rendre cela plus cinématographique pour entretenir l'intérêt du spectateur durant les 2h30 du film. Peut être que si Aaron Sorkin s'était attelé à la tâche au même titre que le magnifique travail qu'il a accompli avec la naissance de Facebook dans The Social Network, Lincoln et son combat auraient eut la chance de se montrer plus passionnants. Et puis, c'est le dernier film traitant de la traite des noirs après avoir vue et ADORÉ Django Unchained. Certes, me direz-vous, cela n'a rien à voir, entre la reconstitution historique et la Tarantino's touch, mais cela influence grandement mon plaisir de spectateur. C'est souvent bien subjectif.
Mais au final, je retiendrais de Lincoln ce qui est répété tout au long du film : la liberté pour tous et le parallèle auquel Spielberg n'a certainement pas pensé en le faisant, avec le combat (que ce soit dans la rue et à l'Assemblée Nationale) qui précéda l'adoption du projet de loi en France pour le mariage pour tous (ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels) le 12 février dernier. Qu'est-ce qui a changé au final depuis 1865 ? Le combat est différent. Ici on ne parle plus des noirs, mais des homosexuels. Mais les réflexions des deux partis politiques et du peuple (même s'ils sont d'un autre pays) sont au final les même. La peur du changement. "Cela va-t-il conduire notre pays à sa propre perte ?" C'est triste de réaliser que même après près de un siècle et demi, il existe encore des personnes rétrogrades qui se battent pour empêcher que d'autres obtiennent les même droits qu'eux. La liberté pour tous est quelque chose qui ne devrait même pas être questionable. C'est le droit le plus stricte à tout être humain de la planète.
Voir mon précédent post, mettant en avant des illustrations en réponse aux manifestations anti-mariage pour tous de janvier dernier.
Voir mon précédent post, mettant en avant des illustrations en réponse aux manifestations anti-mariage pour tous de janvier dernier.
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