jeudi 16 septembre 2010

True Blood, Season 3 : incompréhension et déception


Alors que la saison vient de s'achever dimanche dernier sur HBO, la déception est grande non parce qu'il faudra attendre un an pour voir la suite mais parce que cette saison m'a profondément déçue. Le problème vient peut être de la trop grande promotion faite en amont (1er poster, 2e poster + 1e photo, poster officiel du casting + posters #3 à #6 + photos, posters #7 à #10 + minisodes + 1ers trailers officiels, posters #11 & #12 + dernier trailer). De l'attente trop importante, ne peut résulter que de la déception. Mais c'est surtout l'absence de réelle ligne directrice principale qui y est pour beaucoup. Au fil des épisodes on suit les différentes péripéties de tous les protagonistes sans grand intérêt. Heureusement Eric et Pam sont là pour relever le niveau. Après la rencontre avec Godric (son maker) la saison dernière, on découvre ici un autre pan de son passé à l'époque où il était encore un viking tout ce qu'il y a de plus humain. L'occasion également d'apporter plus de consistance à un nouveau personnage, le king du Mississippi Russell Edgington, l'autre intérêt de cette saison avec ce mélange bourgeois chic rempli de "bonnes manières" d'une autre époque. Sous ce charmant sourire de façade se cache évidemment un diabolique manipulateur buveur de sang. Mais l'auto-dérision avec laquelle il agit, du fait de son très grand âge (3000 ans), est jouissive. Dans l'épisode 3.02, le repas constitué de différents plats à base de sang (je n'aurais jamais imaginer tant de façons de le "cuisiner") entre lui, son amant Talbert et Mister Bill Compton est un grand moment digne d'une émission de cuisine.


La scène où il déclare la guerre aux humains (rien que des réservoirs d'hémoglobine en libre service) en direct live durant le journal télévisé, discutant justement du "Vampire rights amendment", après avoir prit soin d'arracher la moëlle épinière du présentateur est d'ores et déjà un moment d'anthologie qui fera date dans la petite lucarne. Preuve en est quand on va sur YouTube et que l'on peut voir la quantité de vidéos de ce passage postés par les fans à travers le monde. Voyez vous-même, c'est trop bon. Dommage néanmoins que la fin de ce personnage n'est pas été à la hauteur.




Pour en revenir au duo de Fangtasia, il fut très intéressant de prendre conscience du profond lien qui les unis. Voir Pam éprouver des émotions est étrange mais touchant. Même chose avec Eric, qui arrive au passage a embrasser Miss Stackhouse. La scène où il est prêt à se sacrifier pour détruire Russel est électriquement éprouvante. On est devant notre écran, criant "NON PAS ERIC, TOUS MAIS PAS LUI !!!". Dommage, encore une fois, que la résolution de tout ceci fut décevante.


C'est un peu la conclusion que l'on peut avoir sur cette saison, un ensemble d'occasions manqués, de sujets peu ou mal traités. Je pense notamment aux werewolves, et plus particulièrement au personnage d'Alcide, qui n'ont été que des faire valoirs au king et à Sookie. Alors que l'on s'attendait à une saison pleinement centrée sur ces humains à poils, il n'en a été encore que pour les vampires.

Pour rester sur le thème des intrigues qui n'ont pas été menées à leur terme, abandonnées en cour de saison pour prendre des virages plus ou moins compréhensibles, on pourrait mettre tous les humains et autres métamorphes dans le même panier :
- Tara qui aura passé la saison à pleurer, crier et quand il lui reste un peu de temps, faire son deuil de Eggs. Certes c'était nécessaire mais 12 épisodes comme ça c'est un calvaire autant pour elle que pour nous. On regrettera également le traitement du personnage de Franklin, vampire psychopathe tombé sous le charme de Tara.
- Sam, fidèle à ses habitudes de bon samaritain, accueille sa famille de sang, métamorphe comme lui. Cela nous permet de découvrir le chemin parcouru, enlevant certaines ombres sur son passé. Mais arrivé aux 2/3 de la saison, c'est un tout autre Sam qui fait son apparition sans crier gare : sombre, brutal, manipulateur, conman, tueur. Et le problème c'est que l'on ne sait pas d'où ça vient. Tout ceci va à l'encontre du personnage que l'on connait depuis plus de deux ans et même si, au moyen de flashbacks, les scénaristes tentent de lever le voile histoire de probablement introduire une nouvelle intrigue le concernant l'année prochaine, je reste franchement circonspecte.
- Jason, après un début de saison où il brigue une place en temps que shérif adjoint qui a permit de montrer combien ce personnage est stupidement idiot, le voilà lancé dans une ridicule histoire avec une blonde panthère. Cette intrigue est à la hauteur de l'intelligence de Mister Stackhouse, absolument inintéressante. On retiendra néanmoins combien les scénaristes ont joué à fond avec le côté benêt de Jason. La scène où il est assigné à la paperasse du commissariat est absolument tordante.


Cela le rend un plus digeste et apporte un peu d'humour histoire de contrebalancer d'autres intrigues bien sombres.

Heureusement certains humains s'en sortent un peu mieux et bénéficient d'une évolution plus logique et continue toute au long de la saison :
- Lafayette, lui, s'en sort un peu mieux avec sa rencontre avec Jesus, l'aide soignant en charge de sa sénile de mère. Le voir heureux change un peu. Nous n'en serions pas moins si l'acteur, Kevin Alejandro (Santos dans Ugly Betty et le fils du chef des Mayans dans Sons of Anarchy), qui interprète son love interest nous dévisageait avec le même regard passionné. L'occasion de noter au passage que c'est la première fois qu'une histoire d'amour entre deux hommes sonne si juste (hormis le duo Sean Penn-James Franco le film Milk) en grande partie grâce au jeu des acteurs qui n'ont pas peur de jouer à fond.
- Arlène, enceinte de nouveau, gagne enfin un certain temps d'antenne et nous permet de suivre une histoire plus terre à terre jusqu'à ce que la sorcellerie s'en mêle.
- Enfin Hoyt, après avoir essayé d'oublier Jessica dans les bras d'une pipelette fan de poupées, se rend compte qu'il ne peut nier son amour pour la vampire. Après une douloureuse morsure shapeshifterienne, ils décident de vivre leur amour au grand jour allant jusqu'à emménager ensemble et même parler mariage. Mais soyons sûre que leur avenir ne sera pas si rose, hélas, entre la belle mère et cette dernière image d'eux dans leur maison avec la caméra qui s'attarde sur ce qui devait être une chambre d'enfant ou d'ailleurs gît sur le sol un poupon abandonné.


Vue la condition de vampire de la miss, on peut être certain que cette chambre restera toujours vide et sera alors peut être le sujet de futures discordes dans le couple.

Je retiendrais également la profusion de sexe et surtout de sang qui m'a quelque peu gêné. Et oui, on est jamais satisfait avec ce que l'on a. Alors que je me plains que d'autres séries/films n'en mettent pas assez, ici c'est la surenchère et c'est parfois à limite du supportable. Les scènes de sexes impliquant Bill sont d'une grande violence. On se demande si on ne regarde pas un mauvais porno, faisant l'apologie de la femme objet brutalisée au maximum. D'ailleurs le moins que l'on puisse dire c'est la crédule Sookie s'en prend des vertes et des pas mures de tous les côtés cette année. Elle est d'ailleurs méconnaissable vers la fin à envoyer chier tout le monde. C'est quelque peu déstabilisant, son côté de stupide blondasse me manque presque. D'ailleurs cela amène aussi sur le sujet de la violence verbale. Le mot "fuck" y est utilisé à toutes les sauces et encore une fois il y a une limite à la décence, trop c'est trop. Cela finit par être vulgaire pour juste le plaisir de dire "Eh, on est une chaîne payante, on fait et dit ce que l'on veut." Enfin l'hémoglobine. Certaines explosions de vampires sont à la limite de déclencher une sérieuse envie de vomir. Il est plutôt conseillé d'être à jeun devant un épisode de True Blood. Votre tapis vous dira merci.

En conclusion, il ne sera pas trop d'une année pour digérer tout ça et peut être que la promotion de la prochaine saison me ramènera vers Bon Temps mais à l'heure actuelle je serais plutôt en faveur d'un non catégorique. Trop de promotion tue la promotion. Mais bon, il ne faut jamais dire jamais, car s'il y a bien quelque chose dans lequel la série excelle c'est la création de son univers au moyens de moultes posters, faux spots pub, fausses interviews, etc...

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