Comme chaque mardi, c'est cinéma time. Aujourd'hui je me suis donc fait plaisir en allant voir le feel bad movie de noël, alias le dernier Fincher. Il s'agit d'un remake du premier volume de la trilogie suédoise à succès Millenium, qui avait également donné lieu à une adaptation qui date de 2009. Je n'ai jamais été intéressé par ce phénomène littéraire qui avait fait grand bruit il y a deux ans, mais les bandes annonces magistrales de la version filmique 2011 ont tout chamboulées. Mais allons droit au but avec mon ressenti, brut à la sortie de la salle.
Je ne suis peut être pas autant tombé en amour de ce film que j'ai pu l'être de The Social Network l'année dernière, mais je suis définitivement tombé sous le charme de Lisbeth (et de son interprète Rooney Mara) et cela dès les premières secondes de son apparition à l'écran. On vibre pour elle devant tant de dureté à son égard, et au contraire quand elle s'ouvre progressivement au personnage du journaliste Mikael Blomkvist (Daniel Craig, dont j'avais oublié combien il pouvait être plus que charmant). L'actrice est aussi magnétique que méconnaissable dans la peau de la hacker en herbe. On est tellement hypnotisé par son personnage que cela vous habite encore à la sortie de la projection, même dans le froid et sous la pluie, en train de coucher sur papier ces quelques lignes. Certains trouve qu'elle a un comportement qui tend parfois aux limites de l'autisme. Pour moi c'est juste une fille qui a dû faire face à beaucoup merdes tout au long de sa vie et a trouvé un moyen de gérer tout ça à sa manière, en se coupant du monde et des autres, limitant au minimum ses contacts avec autrui. Jusqu'à l'entrée en scène du journaliste, qui part certains côtés est son reflet au masculin, tant leurs deux esprits semblent fonctionné en symbiose. Même si celui de Blomkvist fonctionne un peu plus au ralenti, mais nous ne pouvons lui en vouloir. Après Lisbeth est unique. Elle ne cherche pas à plaire à quiconque. Elle reste fidèle à elle même. C'est un symbole de notre société à elle toute seule, qui va rejoindre le panthéon des femmes fortes de la filmographie de Fincher.
Le montage de Kirk Baxter et Angus Wall est excellent, alternant intelligemment entre les deux héros, qui sont intimement liés. Ils sont la force vive de l'histoire, en particulier Lisbeth qui vole chacune des scènes où elle apparaît. Difficile de reconnaître celle qui plaque Zuckerman au début de The Social Network (et oui, même actrice). Elle paraît si fade et conventionnelle avec ses gentils longs cheveux sages. Quelle promotion plus que magnifique ici pour Miss Mara. Mais Daniel Craig ne se débrouille pas trop mal avec son personnage, aux antipodes du sans peur 007. Je repense notamment à l'horrible scène du chat, qui ne ménage pas le spectateur, comme quelque autres durant le film. Mais nous y reviendrons. Le reste du casting est aussi excellent, notamment Christopher Plummer, que l'on aurait aimé voir plus.
Le montage donc alternant entre Lisbeth, le journaliste et l'enquête est électrique et vous accroche à votre siège. J'ai pu personnellement pleinement tester le mien, "à bascule" (privilège de la projection UltraAVX, supposément avec un écran plus grand, un meilleur son et siège réservé) tout au long du film. Tantôt en arrière pour prendre un peu de distance avec certaines images difficiles, tantôt penché en avant pour être au plus près de l'enquête.
Dès le générique (voir le site Fubiz.net) conçu par le studio Californien Blur, vous êtes mal à l'aise, comme lorsque l'on rencontre la fille du titre pour la première fois. Cette entrée en matière, sous fond de Immigrant Song par Trent Reznor's and Karen O (que l'on entendait dans les divers trailers) m'a fait penser à la promotion qui a été faite pour la série de FX American Horror Story. En tous les cas, ce générique rempli sa part du contrat : faire comprendre au spectateur que nous n'allons pas regarder une banale enquête policière nordique, un quelconque remake, mais une nouvelle œuvre du génie Fincherien. En tous les cas, Immigrant Song et le reste de la BO vous habite au point de prendre possession de votre corps et ce encore bien après la projection. Au point de vous retrouver à taper nerveusement du pied dehors, devant le cinéma. Et vous surprenez à vous comporter quelque peu comme l'héroïne.
Personnellement, je n'avais rien à faire du phénomène Millenium avant que David Fincher s'intéresse au projet. Et maintenant, il m'a conquise au point que j'ai d'ores et déjà réservé le premier tome de la trilogie à la bibliothèque de Montréal. J'ai besoin de mon fixe de Lisbeth. Je suis en manque. Voir les adaptations suédo-danoise ne m'intéressent pas. Surtout quand on compare la qualité de réalisation, du jeu des acteurs, des décors. Certes le budget n'est pas le même, mais je suis persuadé que même un faible budget n'aurait pas raison du talent visionnaire de Fincher. De plus, pour moi il n'y a qu'une Lisbeth, et c'est celle interprété par Rooney Mara.
Pour en revenir à l'enquête à proprement parlé, elle est captivante. Certains trouveront qu'il y a quelques invraisemblances. Personnellement, je n'ai rien vue tellement j'étais plongé dans l'intrigue. Le film est très long (2h38) et pourtant on ne sent pas le temps passé. C'est un plaisir de voir Lisbeth et Blomkvist assemblés chacun de leur côté, puis ensemble, les pièces du puzzle. Ils se complètent, s'enrichissent l'un l'autre. Sans parler de leur "couple" improbable qui fonctionne à merveille. Ici c'est elle qui porte la culotte, le soigne après son agression, pour ensuite initier le tout en se "jetant" sur lui (afin d'ôter la soupape du choc post-traumatique qui s'annonce), ou encore quand elle sauve Blomkvist puis (après un poli "May I kill him?") se lance magistralement à la poursuite de son agresseur.
Certaines scènes peuvent se montrer très difficiles à regarder, entre les images des différents meurtres ou la scène de viol de l'héroïne, sans parler de celle de sa vengeance. Là encore le travail de réalisation et le jeu d'acteur (mention spéciale à Miss Mara) complète le tableau pour les rendre encore plus intense. Rien ne nous est caché, que ce soit la nudité ou la violence, nous avons droit à la totale, ce qui est "rafraîchissant" contrairement à ce que Hollywood à l'habitude de nous proposer.
Le film a été tourné en Suède, ce qui colle parfaitement au climat ambiant. Les teintes gris-bleu de l'image, et le fait que l'intrigue prenne place en hiver sous la neige (en opposition au soleil estival des flashs-back) nous plongent encore plus dans l'intrigue. Chaque image, chaque plan ont été pensés et cela se voit à l'écran. Même si le travail accompli par Fincher semble quelque peu en deçà de celui fait sur The Social Network, The Girl With The Dragon Tattoo reste néanmoins une œuvre de qualité bien supérieur à la moyenne ambiante, qui repousse les limite du cinéphile averti qui sommeille en nous. Rendant ce film encore plus une expérience de cinéma et l'un des meilleur long métrage de cette année.
Mes seules complaintes à l'encontre du film :
- TROP de placements produit avec une absence totale de subtilité. Peut être était-ce le plus grand écran qui les rendait encore plus énorme. Par exemple dans une scène, en l'espace de trente secondes, Liesbeth va chercher du Coke dans son frigo, allume son MacBook Pro de chez Apple, va sur Google faire des recherches, puis atterries sur Wikipedia, tout ceci en mangeant son Happy Meal bien sûr...
- le pseudo-accent de certains personnages, notamment celui de la rédactrice en chef du journal Millenium, interprété par Robin Wright.
CONCLUSION : Lisbeth. Lisbeth. LISBETH. À elle toute seule, elle et son interprète Rooney Mara valent le détour. Elle fait dorénavant partie de ces femmes pour qui je développe un amour quasi lesbien tellement le talent transparaît de leur personne. I Love You Lisbeth! Elle mérite amplement pléthore de nominations et récompenses pour son travail accompli dans ce film. C'est bien simple, Miss Mara est Lisbeth Salander. Elle éclipse littéralement chacun de ses interprètes, au point que l'on en oublierait presque que Daniel Craig est supposément le héros. Le duo qu'ils forment fonctionnent au diapason dans ce film mené de main de maître comme toujours par David Fincher. Il y a un an je déclarais un amour sans vergogne et demandait la main de ce dernier (ici). Cette fois, je ne crois pas qu'il m'en voudra si je lui préfère l'héroïne.
Pour le reste, l'enquête qui vire au thriller sous fond de paysages nordiques enneigés est aussi palpitante que déroutante. Vous restez accrochez à votre siège et ne voyez pas les 2h38 passer. Certaines scènes sont très difficiles à regarder, mais brillamment orchestrées. Le montage est acéré, les images et plans de haute qualité, accompagnés d'une score qui épouse au plus près l'intrigue, sans parler du reste du casting cinq étoiles. Un seul regret, que tout ce petit monde n'est pas enchaîné dans la foulé avec le 2 et 3, car à la fin du film on ne veut pas laisser partir Lisbeth. Le manque se fait sentir. Seule solution, aller à la bibliothèque pour pseudo-combler cela.
;-) Heureuse d'avoir lu ce jour, ta critique du film (que je n'ai point encore vu) ! As-tu lu maintenant les 3 tomes ?? As-tu décidé de voir la version suédoise ?? J'ai personnellement lu et vu ceux-ci et tout comme toi, je voue une certaine fascination à Lisbeth... J'ai hâte de voir la version de Maître Fincher qui sort chez nous ces jours-ci. Si je peux me permettre, je te conseille de voir les versions initiales de ce film. Le petit budget et la façon dont c'est filmé rendent l'oeuvre de Stieg Larsson tellement réelle... Je me réjoui donc de prendre ma dose de Lisbeth avec ce nouveau film ! Bonjour chez toi et bises de Belgique (au fait, as-tu un compte facebook ??) Sandrine (aussi ^-^)
RépondreSupprimerBonsoir chez toi, Sandrine la Belge. J'ai commencé la lecture du premier tome, mais j'ai un peu de mal à avancer. Avec le retour des séries US, je suis distraite. ;)
RépondreSupprimerJ'ai vue quelque extraits de la version suédoise mais j'avais justement du mal avec le côté cheap de la réalisation, surtout comparé au travail de perfectionniste de Mister Fincher, Mais les arguments que tu donnes concernant la version suédoise ont retenus mon attention.
En tous les cas, j'espère que tu vas apprécier la version américaine de Lisbeth autant que moi.
Je me suis demandé au début qui était cette Sandrine Deleuze qui voulait devenir mon amie sur Facebook. Preuve encore une fois que je met bcp d'infos sur le net, même si j'essaye de me limiter. En faisant un tour sur mes différents sites, tu en apprends pas mal.
J'ai vue que tu es passé par mon book. J'espère que tu l'as trouvé sympa. J'aime bcp ton style et tes créations de couture. Enfin, merci d'être devenue ma treizième membre.