Synopsis (AlloCiné) : Deux étudiants, Brandon Shaw (John Dall) et Philip Morgan (Farley Granger), en suppriment un troisième, pour la seule beauté du geste. Puis, comble du cynisme, ils préparent un dîner auquel sont conviées le soir même, sur le lieu du crime, la famille de la victime et sa petite amie. Parmi les invités se trouve également un de leurs professeurs, Rupert Cadell (James Stewart), qui, observant le comportement étrange des jeunes gens au cours de la soirée, va commencer à soupçonner l'impensable.
La chaîne Franco-Germanique Arte m'a permit ce soir de découvrir un autre film du maître du suspense, datant de 1948. Un huis-clos implacable, déroutant, dérangeant, oppressant, immorale, un plan diabolique mis à mal par le professeur aka James Stewart (un des acteurs fétiches d'Hitchcock, avec Cary Grant).
La réalisation du grand Alfred est encore une fois impeccable et comme toujours très inventive et dynamique. Il place sa caméra là où vous ne l'attendez pas forcément. Comme ce plan où les invités discutent hors caméra (à l'exception du professeur) pendant que la bonne enlève les couverts du dessus du coffre (où est caché le corps du supposé crime parfait) pour les emporter dans la cuisine et ranger les livres à leur place originelle, à savoir à l'intérieur du coffre. La tension est palpable et monte crescendo. On se demande quand est-ce que l'un des deux meurtriers va intervenir pour la stopper.
Les acteurs sont impressionnants : James Stewart tout en subtilité, John Dall est aussi charmant-charismatique-joueur-plaisantin que terrifiant et Joan Chandler dans le rôle de Janet Walker (la compagne du mort) est un mélange de charme et d'élégance avec un petit quelque chose à la Grace Kelly.
Ce film est aussi une prouesse technologique car Hitchcock a souhaité concevoir son premier film en Technicolor comme un seul et même grand plan séquence. Ce qui nécessite donc un énorme travail de préparation en amont pour le placement des caméras et des acteurs. Tout doit s'enchaîner au millimètre près. Néanmoins, les moyens techniques de l'époque ne permettaient pas cela. Une bobine ne peut en effet dépasser plus de 10 minutes de film. Le réalisateur a donc utilisé la technique du Ten Minutes Take, et user d'artifices comme le passage de la caméra dans le dos d'un comédien ou des coupes franches tout à fait classiques pour effectuer l'enchaînement entre les différents plans. Au final, ce sont les coupes franches que l'on remarque le moins. Le film est composé, en tout, de 11 plans alors qu'un film de la même durée en comprend généralement entre 400 et 600. Encore aujourd'hui, c'est une véritable prouesse. Une "expérience" comme le disait si bien Hitchcock lui-même.
Pour une présentation plus détaillée de l'art du plan, je vous conseil d'aller faire un tour sur le blog Un plan peut faire la différence. Et pour faire le tour, entre autre, des 10 changements de plans, allez voir dans la rubrique Secrets de tournage de l'AlloCiné du film.
Trés bon film en temps réel, oui on devine les coupes
RépondreSupprimer(voir aussi la première scène de Snake eyes de DePalma pour le même genre de coupe)
Merci pour ce petit commentaire cri, cela fait toujours plaisir d'avoir un retour sur mes "écritures". La corde reste un film très intéressant avec de très bons acteurs. On se prend pour l'histoire en se demandant comment ils vont être démasqués. Le temps réel pimente le tout.
RépondreSupprimerMerci pour le conseil, j'irais jeter un œil sur Snake Eyes. Cela a piquer mon intérêt. :)